Finance islamique en CEMAC : après le feu vert de 2023, la COBAC passe aux sanctions en 2025

Un cadre adopté dès 2022, confirmé en 2023

C’est le 6 octobre 2022 à Yaoundé que l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC), sous l’égide de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC), a adopté le Règlement n°04/22/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux conditions d’exercice et de contrôle de l’activité de finance islamique dans les États de la CEMAC.

Ce texte fondateur, publié au Bulletin Officiel de la CEMAC, définit les normes d’agrément, de gouvernance et de supervision applicables aux établissements de crédit et de microfinance désireux d’offrir des produits conformes à la Charia.

« La finance islamique n’est pas une alternative marginale, c’est un marché mondial de plus de 3 000 milliards de dollars. La CEMAC a désormais l’opportunité d’y entrer, à condition que ses acteurs passent du texte à l’action. »

Un an plus tard, lors de la session du 5 octobre 2023, le Conseil d’Administration de la BEAC a donné son avis favorable à la mise en œuvre effective du règlement, ouvrant ainsi la voie à une phase d’application rigoureuse.

 2025 : la phase des sanctions

Deux ans après l’adoption du texte, l’heure de vérité a sonné. En 2025, la COBAC a lancé un ultimatum aux établissements exerçant des activités de finance islamique sans agrément formel. Ces derniers disposent de quelques mois pour présenter un dossier complet de conformité, détaillant leur gouvernance, leurs produits et leurs mécanismes internes de contrôle.

« En 2025, l’ère de la tolérance est terminée : la COBAC exige la conformité. Les établissements qui n’anticipent pas risquent l’exclusion du marché. »

L’objectif est clair : transformer une dynamique institutionnelle en discipline de marché. Les banques ne peuvent plus invoquer le flou réglementaire — les règles existent, et leur application devient contraignante.

Un écosystème en mutation

Ce tournant réglementaire s’accompagne d’une montée en puissance des initiatives d’accompagnement :

  • La BEAC a annoncé la création d’un Institut Bancaire Régional chargé de former les futurs cadres et auditeurs de la finance islamique.
  • Plusieurs établissements de microfinance expérimentent déjà des produits conformes à la Charia.
  • Les États, quant à eux, étudient la possibilité d’émettre des sukuk souverains, instruments de financement islamiques utilisés avec succès au Nigéria et au Sénégal.

Mais la transition reste prudente : peu d’acteurs disposent encore de comités de conformité religieuse, et la fiscalité applicable aux produits islamiques reste à clarifier.

« Dans un contexte où le crédit classique se raréfie, la finance islamique peut devenir la bouffée d’oxygène pour les entreprises en quête de financement. »

 Un levier stratégique pour la sous-région

La finance islamique, estimée à plus de 3 000 milliards de dollars d’actifs dans le monde, n’est pas une simple innovation religieuse. Elle constitue un levier de souveraineté financière et un instrument d’inclusion. Pour les entreprises de la zone CEMAC, elle ouvre l’accès à des sources de capitaux du Golfe, d’Asie et d’Afrique du Nord, dans un contexte où les financements classiques deviennent plus rares et plus coûteux.

 Conclusion : du texte à l’action

En adoptant le Règlement n°04/22 en 2022, la CEMAC s’est dotée d’un outil juridique robuste. En 2023, la BEAC a confirmé sa volonté politique de le mettre en œuvre. Et en 2025, la COBAC en assure désormais l’application stricte.

Le message est clair : la finance islamique n’est plus un concept, c’est un chantier institutionnel en marche. Aux banques, aux investisseurs et aux dirigeants d’entreprise de s’en saisir pour transformer une conformité réglementaire en opportunité de développement économique durable.

Rédaction : Équipe Valeurs Ajoutées Magazine

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