Voici les secteurs qui attirent les financements bancaires
En 2024, les banques de la CEMAC ont consacré plus de 9 700 milliards FCFA de crédits au secteur privé, soit près de 78 % du total des crédits bruts – une part en hausse par rapport à 2023.
Cette progression traduit un rééquilibrage discret, mais réel : après plusieurs années d’appétence pour les titres publics, les établissements de crédit reviennent doucement vers l’économie réelle.
Les 7 locomotives du financement bancaire
D’après la COBAC, sept branches dominent désormais la distribution des crédits bancaires :
Énergie (production et distribution d’électricité et de gaz) : 12,9 % des crédits, moteur des transitions énergétiques et des infrastructures régionales ;
Commerce de gros et de détail : 12,2 %, reflet du dynamisme des circuits de distribution ;
Agriculture, sylviculture et pêche : 6,7 %, encore sous-financée malgré son poids stratégique ;
Industrie et fabrication : 6,8 %, stimulée par les politiques de transformation locale ;
BTP et construction : 5,5 %, dopée par les chantiers urbains et les programmes publics ;
Transports et entreposage : 4,3 %, en hausse grâce aux corridors logistiques CEMAC ;
Services et information/communication : environ 4 %, portée par la digitalisation.
Au total, ces secteurs concentrent plus de 50 % du portefeuille de crédits bancaires, confirmant une tendance : les banques financent la valeur réelle, c’est-à-dire les secteurs où les actifs sont tangibles, mesurables et rentables à moyen terme.
Le paradoxe de la croissance sélective
Mais cette dynamique masque une réalité plus complexe.
Si les volumes augmentent, l’accès au crédit reste très sélectif. Les banques préfèrent les entreprises adossées à des garanties solides, souvent les grandes structures ou les filiales de groupes.
Dans le même temps, la part des crédits aux États reste élevée (8,2 %), traduisant un effet d’éviction au détriment des PME locales.
Ce choix n’est pas sans risque. En privilégiant les obligations publiques, les banques améliorent leur rentabilité à court terme mais fragilisent la diversification du tissu productif.
La COBAC elle-même souligne ce déséquilibre et annonce des contrôles renforcés sur la concentration du risque.
Un nouveau cycle à l’horizon
Le contexte mondial pousse désormais les banques à repenser leurs priorités.
Les transitions énergétique et numérique, la sécurité alimentaire, les infrastructures logistiques et la finance verte deviennent les nouveaux axes d’attraction du capital.
Le Cameroun, le Gabon et le Congo lancent plusieurs programmes d’investissement dans ces domaines, soutenus par les banques régionales et la BEAC.
En parallèle, l’émergence des fintechs et de la microfinance structurée crée des passerelles inédites entre le financement classique et les besoins des petites entreprises.
Bon à savoir pour les dirigeants
Les entreprises qui attirent le crédit ne sont plus seulement celles qui affichent des garanties immobilières, mais celles qui montrent une vision, une traçabilité et une capacité d’exécution.
Les banques cherchent désormais des partenaires fiables, non des emprunteurs dépendants.